Chers Lecteurs,
Voici une nouvelle rubrique proposée par la cathédrale, « confinement spirituel ». Nous souhaitons vous accompagner tout au long de ce nouveau confinement en vous proposant un commentaire de l’Évangile du dimanche à venir en lien avec un vitrail de la cathédrale.
Les lectures du mois de novembre, et donc de ce temps de confinement, sont toutes orientées vers notre rencontre de Dieu par le Christ Jésus. Elles nous invitent à ne pas nous apitoyer sur notre sort, mais à oser aller à leur rencontre, à être prévoyants et attentifs aux autres pour avoir pouvoir participer à la vie du Royaume.
Quoi de plus actuels que ces messages d’espérance et de confiance en ces temps compliqués ?
Dimanche 8 novembre 2020
Quelle chance, pour cette première semaine de re-confinement, et la première de notre rencontre hebdomadaire « confinement spirituel », l’Évangile de dimanche est représenté sur un vitrail du chœur de la cathédrale. C’est la parabole des « vierges sages et des vierges folles » (Matthieu 25, 1 – 13).
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes : les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile. Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. Au milieu de la nuit, il y eut un cri : ‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’ Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe. Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : ‘Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.’ Les prévoyantes leur répondirent : ‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.’ Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : ‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’ Il leur répondit : ‘Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.’ Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
Cette parabole de Jésus nous invite à la vigilance, à une attitude d’éveil spirituel continuel.
En fait, aucune des jeunes filles n’a veillé ; mais cinq étaient, même à l’improviste, prête pour l’accueil, alors que les autres ne l’étaient pas et, pour celles-là, il est trop tard quand elles réalisent leur manque de prévoyance. Il s’agit bien là d’un texte symbolique qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre. Les jeunes filles, nous représentent, nous tous invités à accueillir la venue du Seigneur, dans cette fête de l’amour qui est celle des noces. Le manque de flamme, c’est le manque d’amour. Les jeunes filles qui ont fait preuve de sagesse l’on fait par amour, pour que la lumière de leur lampe embellisse les noces et souligne cet échange d’amour. De l’amour qui, justement, est fidélité et patience, attente et espérance.
Notre lampe, c’est notre âme dans l’attente du Christ, de sa visite. Il doit y briller la flamme de la foi et elle doit luire en permanence. Cela exige que la foi soit en abondance, car le Christ se fait parfois attendre, et nous avons souvent l’impression d’être loin de Lui.
Dans cette dernière phrase « Amen, amen, je vous le dis : je ne vous connais pas », le Christ nous invite à entrer en communion avec lui. Il montre du doigt notre faiblesse, notre refus de l’amour, il faut comprendre cette phrase comme « je ne vous connais pas encore », « vous n’êtes pas encore prêt pour le royaume des cieux », il souligne donc notre manque de communion avec Lui.
Alors, particulièrement en ces moments difficiles et de doute osons veiller, non pas en nous interdisant de dormir, mais en vivant au jour le jour cette ressemblance, cette communion avec le Père. Soyons toujours prêt à le recevoir en faisant réellement de notre mieux pour aller quotidiennement à la rencontre de l’Époux.
Ce vitrail des dix jeunes filles se trouve dans le chœur de la cathédrale, côté Nord en baie haute. Il fait partie des vitraux les plus anciens, montés pendant la deuxième partie du XIIIe siècle.
Ce vitrail est divisé en quatre lancettes sur lesquelles les dix jeunes filles sont représentées, mais elles sont divisées en deux groupes. Un premier groupe, celui de gauche est mené par un ange que l’on trouve en bas à droite. Les jeunes filles qui le suivent sont les « vierges sages », on les reconnaît à la lampe qu’elles tiennent dans leurs mains ainsi qu’à leurs tenues sobres avec un voile sur la tête, se sont leur prévoyance et leur attitude d’abandon et d’humilité qui est mise en avant.
Dans les deux lancettes de droite, on retrouve un autre groupe de cinq jeunes filles, mais cette fois elles sont conduites par un démon. Nous pouvons reconnaître ces jeunes filles à leur tenue, celle des dames de qualité du XIIe siècle avec de riches tenues et des coiffures travaillées, et à leur lampe qu’elles laissent tomber de leur main gauche qui est le long de leur corps. Ici, le maître verrier a mis en avant le manque de prévoyance de ces jeunes filles, un parti pris très net.
Dimanche 15 novembre 2020
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (25, 14-30)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’ Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’ Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’ Son maître lui répliqua : ‘Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !’ »
La parabole des talents que nous venons de lire est l’une des plus connues. Un maître confit des talents à ses serviteurs avant de partir, à chacun, il donne selon ses capacités.
Nous pouvons voir l’absence du maître comme l’absence de Dieu dans notre vie terrestre et son retour comme sa venue lors de la fin des temps ou la fin de notre vie terrestre. Cet évangile de saint Matthieu nous interroge sur ce qu’ont fait les serviteurs de leurs talents durant ce temps d’absence du maître.
Pendant ce temps terrestre, nous devons développer nos dons et ne pas les enfermer dans nos égoïsmes, narcissismes, plaisirs, péchés. Ces dons que Dieu nous a donnés sont destinés à nous épanouir et à nous ouvrir aux autres. Mais Dieu ne nous laisse pas seul pour faire fructifier nos dons, nous pouvons compter sur l’aide de l’Esprit Saint. C’est ce dernier qui a permis aux premiers saints, les apôtres de sortir de chez eux et d’aller à la rencontre des autres pour annoncer la Bonne Nouvelles. Les saints sont des modèles pour nous qui nous poussent à sortir de notre confort pour faire fructifier nos dons quels qu’ils soient. Prenons l’exemple de tous ces saints des premiers siècles qui ont osé clamé haut et fort leur attachement au Christ malgré les interdictions, qui ont baptisé des fidèles et on fait fructifier leurs dons de force et d’espérance jusqu’à la mort comme sainte Blandine et saint Athanase. Ou des modèles plus récents comme Carlo Acutis, jeune italien, dont le talent été l’informatique. Il mit son talent au service de l’évangélisation en créant le premier site internet pour le Vatican. Remarquable pour sa piété, son amour des autres, il mourut à 15 ans d’une leucémie, en offrant sa vie à Dieu pour l’Église et le pape. Mort en 2006 et béatifié le 10 octobre 2020.
Les deux premiers serviteurs, de cette parabole, ont profité de ce temps d’attente pour faire fructifier leurs talents par leurs efforts et leur savoir-faire, leur altruisme et donc leur amour pour leur maître, Dieu. Le troisième nous prouve que Dieu nous laisse libres dans toutes nos décisions et nos actions, mais que toutes ces actions et décisions ont une conséquence qu’il nous faut assumer à l’heure du jugement dernier. Si nous refusons son amour en n’acceptant pas de partager nos talents, nous devons être prêts pour la sentence. Dieu est créateur et a créé l’homme à son image : il nous veut donc créateurs à notre tour. Au don gratuitement donné de Dieu, qu’il nous faudra rendre, nous devons ajouter notre propre part pour l’enrichir et en faire profiter les autres.
Le serviteur qui a enterré son talent a aussi enterré sa joie confiante tandis que ceux qui ont misé sur la confiance de leur maître découvrent l’accueil de la joie. Alors profitons de cette vie terrestre pour faire fructifier nos talents et espérer entendre ces paroles à la dernière heure : « Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton Seigneur ».
Dans notre belle cathédrale Saint Pierre Saint Paul, il n’existe pas de vitraux sur la parabole des talents. Mais c’est un sujet que l’on retrouve dans de très nombreuses églises. Comme cet exemple que nous avons et qui provient de l’église Saint Mary Abbot à Londres (de style néogothique ; elle a été construite entre 1869-1872).
Sur ce vitrail, on trouve le maître assis sur son trône avec une couronne, une volonté du maître verrier de montrer la royauté du maître. Si on regarde attentivement, on remarque que les trois serviteurs représentent les trois ages de la vie, de gauche à droite, du plus âgé au plus jeune. Faut-il y voir la sagesse de la vie et l’expérience qui nous pousse à être plus sage avec l’âge ? Ce vitrail date de la fin du XIXe siècle, une période ou la sagesse va de paire avec la vieillesse, or nous savons aujourd’hui que l’on peut être jeune et sage et que cette parabole, j’adresse à tous et fais écho à celle de la semaine dernière, nous devons être prêts pour le retour du maître, car nous ne savons ni le jour, ni l’heure de son retour.
Dimanche 22 novembre
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père,
recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.
Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ;
j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
j’étais nu, et vous m’avez habillé ;
j’étais malade, et vous m’avez visité ;
j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’
Alors les justes lui répondront :
‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…? Tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ?
Tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? Tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? Tu étais nu, et nous t’avons habillé ? Tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’
Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : ‘Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits,
dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.
Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ;
j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ;
j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ;
j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.’
Alors ils répondront, eux aussi : ‘Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?’
Il leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait
à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.’
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »
Avec ce texte de l’Évangile de saint Matthieu, nous arrivons à la conclusion des Évangiles du mois de novembre. Ces dernières semaines, nous ont amenés à nous interroger sur notre rôle de chrétiens, mais surtout sur notre relation avec Dieu et les autres et les conséquences de notre manque de foi. Il y a quinze jours, avec les jeunes filles, nous avons compris que la prévoyance est indispensable et que nous devons toujours être prêts pour Dieu, prêts à l’accueillir à tout moment, car nous ne connaissons ni le jour ni l’heure. Un moyen concret pour rester vigilants, la prière et la confession.
Dimanche dernier, l’Évangile nous a invités à développer nos talents, ces dons que Dieu nous a faits, celui de la vie, mais également tous les autres pour aider notre prochain, mais surtout pour honorer notre Dieu.
Cette semaine, la dernière du temps liturgique, raisonne un peu comme un dernier avertissement. Le Christ vient « dans sa gloire et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. ». Le Christ Roi, celui qui domine la terre et tous les temps, nous donne les dernières clés pour accéder au Paradis lors du jugement dernier. Il faut être attentifs aux autres notamment en accomplissant les œuvres de charité. Il existe deux sortes d’œuvre de charité les corporelles :
- Donner à manger aux affamés
- Donner à boire à ceux qui ont soif
- Vêtir ceux qui sont nus
- Accueillir l’étranger
- Assister le malade
- Visiter les prisonniers
- Ensevelir les morts
Et les œuvres de charité spirituelles :
- Conseiller ceux qui sont dans le doute
- Enseigner les ignorants
- Avertir les pêcheurs
- Consoler les affligés
- Pardonner les offenses
- Supporter avec patience les personnes ennuyeuses
- Prier Dieu pour les vivant et les morts
Ces œuvres de charité ont une résonance toute particulière cette année. Nous voici confinés chez nous, on nous demande d’entrer le moins possible en contact avec les autres et voici que l’Évangile nous dit que pour ne pas aller en Enfer, il nous faut nous ouvrir aux autres. Alors que faire ? Et bien utilisons nos talents pour venir en aide aux autres, nous pouvons commencer par nous inquiéter de la santé physique et morale des personnes qui nous entourent en leur téléphonant ou en passant devant chez elles pour prendre de leurs nouvelles. Nous pouvons nous renseigner sur les différentes associations qui viennent en aide aux plus pauvres et aux étrangers et leur demander de quelles aides matérielles elles ont besoin. Pour ce qui est des œuvres spirituelles, ces dernières paraissent plus « faciles » à mettre en œuvres, alors aucune excuse ! Nous devons plus que jamais être à l’écoute des autres à leurs besoins, les conseiller et surtout ne pas oublier de prier pour eux. Pour toutes ces missions, la prière doit être notre aide personnelle alors pourquoi ne pas réciter l’acte de charité :
« Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur et plus que tout, parce que vous êtes infiniment bon, et j’aime mon prochain comme moi-même pour l’amour de vous ».
Alors, en cette fin d’année liturgique, nous sommes, prêt ; nous avons toutes les armes pour combattre le pêché et être prêts pour le jugement dernier, soyons vertueux remplis de foi, d’espérance et de charité.
Mathilde Broquet